essai sur les semeuses

louis barrier

DÉfauts d’impression

Dans le cadre de cette étude nous ne pouvons aborder que succinctement le problème si complexe des variétés d'impression.
Nous ne décrirons que l'indispensable pour expliquer les causes de ces productions anormales qui font le charme des collections spécialisées et offrent aux philatélistes un champ de recherches des plus captivantes. La diversité de leurs appellations dont l'interprétation est âprement discutée n'est-elle pas la preuve de cette complexité ? Types, variétés, défauts, accidents, retouches, états, anomalies, curiosités, les uns majeurs, les autres mineurs, tantôt constants, tantôt éphémères, n'y a t-il pas là de quoi confondre le collectionneur ?
Le classement de ces irrégularités est d'autant plus difficile que, si le patient non averti veut en chercher l'origine, il se trouve aussitôt engagé dans un labyrinthe semé (le carrefours qui le déroutent.
Des causes différentes ont les mêmes effets ; des manifestations semblables ont des causes diverses, physiques ou chimiques tenant, soit de la matière, soit d'opérations mécaniques ou dirigées, subissant elles-mêmes les influences de la température, de la lumière ou de l'humidité.
Pour la rédaction de ce chapitre nous avons accordé nos connaissances professionnelles avec les remarquables enseignements du plus omniscient des techniciens de l'Imprimerie, M. Alain Barrissait, Directeur de l'institut national des Industries et arts graphiques et (le l'Office technique de l'Imprimerie.
Trop limités dans cet ouvrage pour développer un sujet aussi important, nous nous sommes bornés à une description sommaire des opérations et des éléments qui sont à la source des variétés signalées dans la présente étude.
Pour de plus amples détails nous renvoyons nos lecteurs à l'étude fort intéressante et abondamment documentée de M. André Rochelle, de l'Académie de Philatélie. Celle étude qui traite surtout à fond l'impression par rotatives que nous n'avons fait qu'effleurer ici, a paru dans les n° 5 et 7 des « Cahiers Philatéliques » (17e partie en 1946-47) et dans les n° 1146, 1152, 1157, 1161 et 1162 de e l'écho de la Timbrologie n (2e partie en 1949-5o).
Ces causes, elles aussi proviennent de sources variées, et si, remontant à une de ces sources on veut en descendre le cours, on est surpris du nombre d'affluents qui viennent la grossir pour aboutir avec elle à un delta aux nombreux débouchés déversant chacun une production particulière.
Aux variétés de gravures, issues de poinçons différents que nous considérons comme types, viennent s'ajouter des variétés, souvent constantes mais accidentelles provenant de défauts d'impression.
Nous allons faire une analyse rapide de ces défauts et de leurs causes qui permettra aux collectionneurs d'en estimer l'importance et, pour leur classement, d'accorder aux variétés qui en découlent, la place qui leur convient.
Les multiples défauts d'impression qui se manifestent sur les Semeuses et leurs surcharges sont principalement dus à :
- un habillage incorrect,
- des fautes de mise en train,
- des défauts mécaniques des machines à imprimer,
- l'usure ou à des accidents survenus à la forme ou aux galvanos,
- la mauvaise composition de l'encre ou à l'état et à la qualité du papier.

L'HABILLAGE

Dans les machines à cylindre, la position de ce dernier est ,étudiée pour que la feuille de tirage, qu'il amène au contact de la forme calée sur le marbre, subisse une pression rigoureusement calculée. Pour cela le marbre porte sur les côtés de sa longueur des bandes lisses de métal qui sont en contact permanent avec d'autres bandes circulaires (couronnes) disposées aux extrémités du cylindre. Le point (le contact des bandes du marbre avec les couronnes est mesuré pour se trouver exactement au niveau de la surface supérieure de la forme. Les couronnes sont légèrement en saillie de la surface métallique du cylindre, laissant entre elles un évidement des­tiné à être comblé par l' « habillage », revêtement spécial dont le but est d'adoucir le contact avec le métal tendre des carac­tères ou des clichés afin d'en retarder l'usure.
L'habillage est composé de bandes superposées de matières plus ou moins élastiques (carton lisse, blanchets de caoutchouc, feuilles (le papier collées, moleskine litho, satinettes légères, etc...). Cette composition varie avec le genre de machines, le travail à effectuer, et la qualité du papier et du matériel employés. L'épaisseur de l'habillage, quelle qu'en soit la composition, doit être théoriquement de la hauteur des couronnes. L'observance de ce principe est très important. Le moindre dérèglement diminue ou augmente le diamètre du cylindre et détruit la similitude de longueur de l'impression et de la forme ainsi que le rapport de vitesse entre le cylindre et le marbre.
Pour faire comprendre ce phénomène et ses conséquences, précisons que la rotation du cylindre est commandée par une crémaillère fixée le long d'une bande du marbre. Cette cré­maillère engrène une roue dentée fixée extérieurement à une couronne du cylindre.
Avec un habillage normal l'impression et la forme correspondant au même nombre de dents, sont de longueur égale.
Si l'habillage est trop mince la surface utile du cylindre est diminuée, l'arc, correspondant au même nombre de dents, est plus court. L'impression est réduite en longueur. Le rapport de vitesse détruit crée un frottement qui essuie l'encre et use prématurément les caractères. Sur le timbre l'impression est surtout brouillée à l'entrée en pression. Filets du bas du cadre essuyés.
Si l'habillage est trop épais l'impression est plus longue. Le frottement produit sur les caractères les mêmes effets. En fin de pression il se manifeste sur les timbres par une traînée de l'encre à la partie supérieure.
Précisons que l'écart de longueur de l'impression sera 3,1416 fois celui de l'erreur d'habillage. Différence peu sensible pour un timbre de petit format, mais réelle.
Un habillage sec convient aux gravures fines, aux similis, à des caractères ou clichés neufs, aux papiers minces et de bonne qualité. L'impression est nette. Il diminue les risques de foulage, de plissage et de maculage. Par contre des carac­tères ou clichés usés viennent mal à l'impression. Avec un papier rugueux il écrase les caractères dont l'oeil se troue sous l'action des corps durs emprisonnés dans la pâte. Si le mar­geur passe accidentellement deux feuilles à la fois, la forme est irrémédiablement détériorée.
Un habillage doux est nécessaire pour une forme composée de caractères ou de clichés usés. Sa souplesse permet à la pression d'aller prendre l'encre sur les reliefs affaissés.
Un habillage trop mou provoque du foulage qui produit des risques de maculage au verso ; le foulage supportant tout le poids de la feuille sur l'encre fraîche de la feuille précédente. Un foulage profond produit par excès de pression entraîne l'usure des caractères en fatigant les angles et les arêtes de l'œil. C'est ce qu'on appelle l'usure « en tête de clou «. Cette usure se manifeste sur les clichés des timbres par l'affaissement des filets du cadre, principalement en haut et en bas du timbre. C'est ce qui explique les filets manquants ou les signatures illisibles lorsque ces clichés ont resservis avec un habillage plus résistant.
Un habillage mal tendu est une cause de papillotage et de plissage (voir à ces défauts).
Dans l'impression sur machines rotatives l'habillage se fait sur le cylindre contre-partie. Les mêmes causes ont les mêmes conséquences.

mise en train

Sur les machines à cylindre les formes planes d'impression, composées de caractères, de clichés ou de galvanos, présentent presque toujours des irrégularités soit dans l'épaisseur de la plaque des clichés ou galvanos, soit dans la hauteur de tous ces éléments. A ces inconvénients viennent s'ajouter des imperfections de l'habillage et des défauts mécaniques dus à l'usure des presses (déformations du marbre ou de la surface métallique du cylindre), pour concourir à une impression défectueuse qui se manifeste, sur la première épreuve, par des manques ou des faiblesses dans certaines régions et par un ton uniformément gris.
On corrige tous ces défauts par la mise en train.
Celle-ci comprend deux stades : La mise d'égalisation et la mise de puissance.
La mise en train d'égalisation consiste à rétablir le planage des clichés et celui de la forme en introduisant, soit sous le bloc de montage ou entre « cuir et chair « pour les premiers, soit dans l'habillage du cylindre pour la seconde, des feuilles de papier découpées suivant le contour des parties basses à remonter. Cette opération se nomme le découpage.
Ce premier but atteint, on passe à la mise en train de puissance qui est indispensable. Sans elle l'impression serait terne et sans vigueur. Les aplats noirs exigent plus de pression que les différentes demi-teintes. Il est donc nécessaire d'étager les pressions pour nuancer ces diverses valeurs. Ce résultat sera obtenu en effectuant un second découpage pour les parties faibles à remettre en valeur. Il sera superposé au précédent.
Le découpage à la main est une opération très délicate qui demande beaucoup de temps, même effectuée par les plus habiles spécialistes. On réalise aujourd'hui la mise en train par des procédés mécaniques ou chimiques.
Après les premières épreuves rebutées la mise en train se poursuit pendant une bonne partie du tirage jusqu'à complète satisfaction. Il faut adapter au tirage quelques dérèglements mécaniques des presses usagées. Il faut même parfois renouveler la mise en train au cours d'un long tirage. Il s'ensuit que quelques feuilles, bien qu'acceptables, présentent des défectuosités (impressions fades et sans relief, demi-teintes absentes, timbres foncés tenant à timbres clairs, etc...). Ces défauts sont sans importance pour la vente au public mais fort intéressants pour les collectionneurs spécialisés.
Sur les machines rotatives la bande sans fin s'imprime entre deux cylindres. Le cylindre porteur des galvanos et le cylindre contrepartiequi sert d'appui à la bande. C'est sur ce dernier qui, nous l'avons vu, porte l'habillage, que se fait la mise en train.
Notons qu'avec les nouvelles machines Chambon le problème de la perte de temps passé à la mise en train a été avantageusement résolu. Elle se fait sur une machine indépendante de la rotative qui peut ainsi tourner pendant ce temps pour l'impression d'un autre timbre. Les cylindres sont interchangeables et la mise en train peut être conservée pour une reprise éventuelle du tirage.

impressions doubLÉes

Sur des timbres de la « Semeuse », surtout sur leurs surcharges, on constate une impression doublée que beaucoup de collectionneurs désignent bien à tort par l'expression « double frappe ».
En réalité il n'y a de véritable double impression (ce qui est infiniment rare) que lorsque la feuille passe la même face deux fois sous la presse. Cet accident ne peut pas se produire en rotative.
Par contre, diverses causes engendrent un doublage apparent d'une partie du tracé de la vignette ou des caractères de la surcharge. Ces accidents sont, en ternies d'imprimerie, désignés sous les noms de papillotage et essuyage.
Voici les diverses causes de ces défauts d'impression.

Papillotage

Habillage mal tendu du cylindre. Les feuilles qui le cons­tituent sont mal collées et gondolées. La feuille de tirage qui n'épouse plus étroitement le cylindre suit, dès l'entrée en contact avec la forme, le mouvement d'ondulation de l'ha­billage. La vague qui fuit devant la pression affleure la forme encrée et en reçoit une légère impression. Le contact définitif se produisant immédiatement après donne l'impression réelle tout à côté de la première. Ce papillotage peut se produire jusqu'à la fin de la planche ou indéfiniment en rotative.
Trop forte pression. Elle provoque un foulage profond qui fait friser le papier. Le gaufrage produit prend un premier contact avec la forme encrée et l'impression définitive se fait au fond du foulage immédiatement après la première. Ce papillotage n'est que partiel. Il n'affecte que la partie infé­rieure du timbre.
Filet du bas du cadre doublé. Comme le précédent il peut se produire avec la rotative mais plus faiblement car sur ces machines l'habillage est généralement sec.
3° Forme incorrectement serrée. Si la composition est niai serrée dans le sens parallèle à la marche du marbre, les lignes se couchent puis se redressent sous la pression du cylindre. Le papillotage causé par ce défaut ne peut se produire que pour une impression à plat de surcharges. Il se manifeste sur quelques rangées horizontales de la feuille.
Vitesse trop grande pour une machine usée. - S'il y a le moindre jeu dans les crémaillères de commande du marbre_ les secousses et les tremblements du sol se transmettent aux couronnes du cylindre et peuvent favoriser le papillotage.

Essuyage

Ici le doublage de l'impression a des causes différentes et prend un autre aspect. Le défaut ne vient pas de l'impression proprement dite, mais d'un mauvais encrage.
1° Lorsqu'une encre trop fluide ou trop grasse est déposée par des rouleaux toucheurs trop secs, salis élasticité, ou simplement mal réglés, ces derniers en prenant contact avec les caractères manquent d'adhérence et patinent légèrement sans tourner sur l'œil qu'ils essayent en partie.
On reconnaît qu'il y a essuyage lorsque à l'impression des parties de l'oeil sont restées blanches et sont entourées de deux cordons fortement teintés par l'épaisseur de l'encre refoulée.
Ce défaut se rencontre fréquemment, sur des compositions de caractères d'imprimerie (surcharges). Sans importance, il est toléré et l'on n'interrompt pas le tirage. Exemple : le 1/2 centime sur 1 centime bistre-brun. Mais s'il se produit pour l'im­pression de timbres qu'il rendrait impropres à la consommation, on procède aussitôt soit au remplacement ou au réglage des rouleaux, soit à la modification de l'encre qui manque de mordant.
2° L'essuyage a parfois une autre cause sur les machines à cylindre. Il n'affecte alors qu'une partie de la planche. Lorsque les rouleaux à fin de course retournent en arrière il se produit, au moment de leur changement de rotation, un point mort qui les fait glisser un instant sans tourner ; c'est à quelques centimètres après leur entrée en contact avec la forme que l'incident se produit. On appelle cela
le « coup de rouleau ». On y remédie en réduisant la vitesse ou en donnant plus de mordant à l'encre.
Lignes DE L A GRAVURE FORTEMENT TEINTÊES DOUBLÉES D'UN MINCE FILET BLANC
Il existe sur certains timbres un étrange et assez rare doublage d'impression. Le tracé supérieur des inscriptions de la valeur, du mot POSTES et de certains contours du dessin, est marqué par une ligne de couleur plus foncée. Cette ligne est doublée d'un mince filet blanc.
Le premier cas fut remarqué sur le 20 centimes lilas-brun, Semeuse camée type retouché imprimé en rotative. Des feuilles entières furent débitées en 1924 et 1925 dans certains bureaux de postes, notamment à Clermont-Ferrand. Il fut aussitôt signalé et l'on crut à une gravure nouvelle pour donner du relief au dessin. Diverses interprétations de cette particularité furent exprimées.
Il ne saurait être question ici, ni d'une double impression, ni de papillotage ni d'essuyage ; chacune de ces causes entraî­nerait fatalement un empiètement réciproque des aplats de couleur de chacune des impressions sur les blancs de l'autre. Il n'en est rien. Les inscriptions de l'impression normale sont intactes et bien nettes.
La cause est, selon nous, due à l'emploi d'une encre trop fluide et trop chargée de siccatif.
Notons tout d'abord que les timbres s'impriment en rotative de bas en haut et que les rouleaux toucheurs, tournant en sens inverse du cylindre porteur des galvanos, encrent les clichés de timbres en commençant par le bas.
En passant d'un creux à une surface en relief ces rouleaux déposent sur cette surface une pellicule d'encre. Sous la pression du relief ils laminent cette pellicule d'autant plus fine­ment qu'elle est peu consistante. De ce fait, ils refoulent, sur l'arête supérieure du creux qui vient de passer, un léger amas d'encre chassée par ce laminage. Le papier, qui va venir à l'impression, ayant plus d'affinité pour l'huile, laissera en dépôt, sur cette ligne trop chargée pour son pouvoir d'absorption, quelques particules de pigment, lesquelles sous l'action du siccatif en excès, se fixeront en partie au métal du cliché. Quantités infinitésimales, mais qui peu à peu s'accumuleront et finiront, à la longue, par former sur cette ligne d'arrêt un bourrelet compact. Cette ligne en s'imprimant avec plus de pression accusera une plus forte teinte.
Il arrivera un montent du tirage où cette saillie sera assez forte pour qu'il se produise entre papier et cliché un léger vide contigu à ce bourrelet. Favorisé par l'habillage généra­lement sec et bien tendu dans les machines rotatives, ce vide créera une solution de continuité à l'impression. D'où ce filet blanc parallèle au filet de couleur foncée qui limite certaines parties supérieures du dessin.
Dans les Semeuses nous connaissons cette impression doublée sur le 20 centimes précité et sur le 25 centimes bleu AFFRANCHEMENTS POSTES tiré en vue de la surcharge (planche O+P).
Le dernier se rencontre plus fréquemment.

caractÈres et clichÉs usÉs ou accidentÉs

Nous avons vu comment une mauvaise confection de l'habillage ou des fautes de mise en train étaient causes directes de variétés d'impression et pouvaient en même temps créer des perturbations dans la forme par usure ou détériorations des caractères et clichés. Nouvelles sources de défauts pour des impressions ultérieures (usure « en tête de clou «, œil des caractères criblé de trous, écrasement du relief, etc.).
A ces imperfections, des accidents imprévisibles au cours des montages ou des réglages (chocs par maladresse d'un ouvrier) peuvent en causer d'autres (déformations, rayures, cassures, encoches, etc.) qui se manifestent par des lettres brisées ou amputées, cercles des AFFRANCHts POSTES déformés, etc.
Quelquefois certains effets de l'accident s'accentuent au cours du tirage et prennent des aspects différents. Ce sont des défauts à transformation qui peuvent donner lieu à toute une gamme d'états successifs de la détérioration.
Lorsque l'accident est limité mais important on effectue rapidement une retouche sur le galvano. On fait un apport de métal sur la région détériorée et l'on reproduit la gravure qui présente presque toujours des différences avec la gravure initiale (mot POSTES du 10 c. vert).
Enfin, d'autres défauts qui n'ont rien de commun avec la structure des caractères ou des clichés, proviennent de corps étrangers qui se sont logés dans les creux. (Lettres ou parties du dessin bouchées.) Si ce sont des corps durs, rognures de métal par exemple, le défaut persiste tout au long du tirage. Si ce sont des corps tendres (bourres de papier, poussières, moucherons, peaux d'encre, rondelles de dentelure, etc.), la constance est limitée à quelques feuilles, jusqu'à leur désagrégation. Il arrive parfois qu'un rouleau les reprend pour les déposer sur une autre partie de la planche et bien souvent, de la même vignette. Ces derniers défauts uniquement dus au hasard et qui peuvent varier à l'infini ne produisent pas des variétés mais des curiosités parfois amusantes mais d'un intérêt relativement limité.

mauvaise composition de l'encre

Les encres d'imprimerie utilisées pour l'impression typographique sont constituées de deux éléments principaux : 10 Le « pigment » formé de substances solides très finement broyées (noir de fumée, laques colorées par des matières extraites de la houille, produits colorants naturels ou chimiques divers) ; 2° Le « vernis », composition visqueuse de produits divers (huile de lin, huiles diverses crues ou cuites et matières grasses, résines, carbures, essences minérales, etc.), dans laquelle les pigments sont intimement liés pour former une pâte homogène.
Le mélange de ces éléments est conditionné aux propriétés exigées des diverses encres (solidité, compacité, intensité, siccativité, opacité, vernissabilité) dont s'accommodent plus ou moins les procédés d'impression, la qualité du papier et les conditions atmosphériques ou même de lumière pour les impressions de couleurs. Pour l'impression en rotative la composition des encres est sensiblement différente des encres pour tirages à plat.
Bien souvent ces propriétés des encres se contrarient. Il est très difficile de les concilier pour obtenir les qualités appropriées et éviter des incidents dont voici les principaux :
Mouchetage
Impression parsemée de petites taches dues à une encre chargée de poussières ou de restes de peaux d'encre desséchée.
Moutonnage
Impression inégale (encre trop molle, mal liée).
Barbouillage
Manque de netteté. Bords des éléments sales et graisseux. Trop d'huile ou de matières grasses.
Impression irrégulière
Mauvaise distribution de l'encre sur les rouleaux.
Perlage
Trop de diluant dans le vernis.
Manque de vigueur
g>Teinte faible, pas assez de pigment.
Ecaillage
Vernis trop faible, manque de siccatif. >
Bouchage de caractères
Encre trop compacte ou trop fluide contenant des impuretés.
Traversement
L'impression apparaît au verso. Trop d'huile pour la nature du papier.
Maculage
Encre manquant de siccatif et de vernis, séchant trop lentement

plissage

Le plissage est un défaut d'impression accidentel dont les manifestations sur les timbres sont connues des philatélistes sous le vocable plus imagé de plis en accordéon.
Le principal responsable de cet accident est le papier. Il en est aussi la première victime.
Le plissage peut encore dépendre, mais plus rarement, d'un défaut d'habillage ou d'un mauvais margeage, mais les causes les plus fréquentes sont inhérentes à l'état et à la qualité du papier.
Pour mieux faire comprendre les dispositions du papier an plissage il est nécessaire d'ouvrir ici une parenthèse.
A l'origine de sa fabrication le papier est une pâte laiteuse composée de fibres végétales (cellulose), fibres de bois ou fibres de lin, coton ou chanvre provenant de vieux chiffons. Cette pâte presque liquide, est coulée sur un long ruban de toile métallique très fine qui se déroule sans fin sur une vingtaine de mètres et est animé d'un mouvement de va-et-vient trans­versal pour enchevêtrer les fibres, qui sont toutes orientées dans le sens de sa longueur. Même après leur enchevêtrement les fibres gardent cette orientation. La pâte s'égoutte sur la toile métallique et un dispositif spécial d'aspiration achève de l'essorer. Elle est déjà plus consistante lorsque avant la fin de sa course une série (le rouleaux chauffés et garnis de feutre la laminent et la sèchent. Le papier est formé et la bande va s'enrouler en bobine. Sous la pression des rouleaux feutrés la toile métallique aura imprimé profondément l'empreinte de ses mailles sur la face inférieure du papier. De là l'origine de la trame, que l'on peut observer plus ou moins sur presque tous les papiers et qui épouse le dessin du treillis (quadrillage, losanges, points brillants, etc...). -Notons en passant que certains papiers faits à la main ne sont pas essorés sur une toile mais sur une série de fils de laiton parallèles et rapprochés
qui impriment en conséquence une trame de vergeures. Ce sont les papiers vergés.
Le papier ainsi obtenu est rugueux. Il doit être encore travaillé selon l'usage auquel on le destine ou la qualité que l'on veut lui donner. La première opération est le lissage ou apprêt. On le fait passer entre deux lourds cylindres de fonte lisses qui lui donnent un premier apprêt. Quelquefois cette opération se fait avant l'embobinage. On dit alors que le papier est apprêté sur machine. .
Si l'on veut pousser plus loin le lissage on déroule la bobine sur une autre machine appelée
calandre ». La bande passe entre des rouleaux chauffés et très lourds et l'on obtient alors soit des papiers satinés soit des papiers surglacés. Un dispositif spécial produit en outre des papiers frictionnés qui ne sont lissés que sur une seule face. Le rouleau, qui tourne sur cette face, tourne plus vite que le rouleau d'appui et la lisse par friction. Ces derniers détails nous permettent en passant (le mettre en garde des collectionneurs qui seraient tentés de confondre ces papiers surglacés avec le papier couché. Ce dernier doit son glaçage à un enduit à base de blanc minéral (sulfate de baryte, carbonate de chaux, kaolin) mélangé à un adhésif. Le papier couché est glacé soit sur une face soit sur les deux. Il existe du papier couché mat. On le distingue des papiers lissés à son poids. Il est beaucoup plus lourd.
Plus le lissage est poussé plus la trame s'atténue jusqu'à devenir à peine discernable par transparence à la lumière sur le papier surglacé. Elle est absolument invisible sur les beaux papiers couchés.
Ce qu'il importe ici de retenir c'est : 10 que le papier a deux faces. Le côté toile, c'est-à-dire le côté qui reposait sur la toile métallique et qui est marqué par la trame, et le côté feutre, celui qui était au contact des rouleaux feutrés et dont l'aspect est plus irrégulier. Ce côté qui est plus feutré que le côté toile réagit plus vite à l'humidité. Si une partie d'une feuille est humidifiée elle se recroqueville sur l'autre. 20 Que le papier a deux sens. Le sens machine qui est celui du ruban (le toile, par conséquent le sens des fibres ; et le sens travers qui est le sens perpendiculaire au précédent c'est-à-dire aux fibres. Ces deux sens ont des propriétés différentes, entre autres leur réaction à l'humidité. Les fibres gonflent sous son action, mais ne s'allongent pas. Il s'ensuit que le papier humidifié s'allonge dans le sens travers et reste invariable ou presque dans le sens machine.
Revenons au plissage. Ces explications préliminaires vont nous aider à en saisir les causes.
1u La condition essentielle pour éviter les risques de plis­sage est que la feuille de tirage soit rigoureusement plane, sans la moindre déformation. Si une partie de la feuille est humide, ce planage est rompu. Elle frise, gondole, forme des poches. En passant sous la pression du cylindre, ces irrégularités sont écrasées sur la forme qui imprime sur les plis produits par l'écrasement. Ces plis développés découvrent une solution de continuité de l'impression. C'est le plissage.
20 Le cas se produit lorsqu'on utilise le papier aussitôt après sa livraison par l'usine. Son degré de séchage n'est pas encore atteint. On dit qu'il est vert. Un entreposage d'au moins 1 jours est nécessaire pour lui laisser le temps de murir, de se mettre dans l'ambiance atmosphérique de l'atelier ou du magasin à papier et lui faire prendre son équilibre hygrométrique.
30 Un entreposage à proximité d'un courant d'air produit les mêmes effets. Les variations hygrométriques de l'air agis­sent plus rapidement sur les bords des rames empilées, qu'à l'intérieur de la pile.
10 Les rames qui n'ont pas été entreposées correctement à plat ou qui sont manipulées sans précaution se déforment rapidement et cette déformation persiste longtemps sur les feuilles.
50 Le sens du papier à l'impression a aussi son importance. Le papier découpé dans le sens machine est moins sujet au plissage car il épouse mieux l'arrondi du cylindre.
70 Un habillage mal tendu (nous l'avons vu pour le papillotage) fait onduler la feuille de tirage. Si l'ondulation ne se poursuit pas jusqu'au bout de la forme, elle s'écrase sous la pression et plisse.
80 Un mauvais réglage des organes de la marge (pinces serrant mal, taquets mal disposés, table de marge non tan­gente au cylindre), fait engager la feuille dans de mauvaises conditions et la fait gondoler.
Toutes ces causes de plissage ne s'appliquent pas ou guère à l'impression en rotative. La bande constamment tendue entre les cylindres entraîneur et les cylindres d'appel, offre moins de risque de plissage.
Par contre, un mauvais embobinage, une rupture ou des déchirures de la bande peuvent l'occasionner.

impression recto-verso

L'impression recto-verso, au sens propre, implique un second passage sous la presse de la feuille imprimée retournée pour recevoir une 2e impression au revers. Sur cette impression comme sur la première le texte ou le sujet sont à l'endroit. Cet incident, très rare, ne peut se produire que sur les ma­chines à platine ou à cylindre. Jamais sur rotative.
Il en est autrement lorsque l'impression du verso se pré­sente à l'envers. Le cas est plus fréquent. Il provient du fait que si accidentellement le cylindre tourne à vide, l'impression porte sur l'habillage. La feuille qui passe ensuite reçoit l'impression régulière au recto et en même temps la décharge de l'habillage au verso ; cette dernière à l'envers. A vrai dire, ce n'est pas une impression mais un décalque qui se poursuit jusqu'à épuisement de l'encre apposée sur l'habillage. Pour distinguer ce phénomène du précédent nous le désignerons dans notre étude par la formule impression à l'envers au verso.
Il peut se produire avec les machines rotatives lors d'une rupture ou une déchirure de la bande.
Signalons aussi une autre forme de recto-verso. C'est la décharge au verso de l'encre fraîche de la feuille suivante. Cette décharge n'est que partielle et imparfaite. Nous avons déjà vu qu'elle ne se produit qu'avec une encre manquant de siccatif et ne se manifeste généralement que sur un foulage très accentué.
Se méfier enfin de prendre pour une impression recto-verso l'impression transparente produite par traversèrent d'une encre trop chargée d'huile, facilité par la nature du papier employé. La plus commune de ces impressions transparentes est celle du 25 cent. bleu Semeuse camée.

impression sur raccord

Nous signalons les impressions sur raccords dans notre rubrique des variétés. Ces anomalies ne rentrent pas dans la catégorie des défauts d'impression puisqu'elles sont régulières. S'il y a un défaut il doit être imputé au service de vérification des feuilles, ces pièces devant être écartées de la vente et versées aux rebuts. Reconnaissons toutefois que la faute est excusable et sans gravité.
Elle est excusable parce que les feuilles raccordées se présentent souvent de telle sorte qu'elles peuvent passer ina­perçues du vérificateur.
Elle n'est pas grave pour l'usager qui n'y perd rien. Quant au philatéliste, ce n'est pas lui qui s'en plaindra, trop heureux qu'il est de s'offrir un beau chopin à la valeur faciale.
Il y a trois sortes de raccords.
Les raccords faits par le fabricant de papier pour enchaîner les longueurs de papier qui constituent la bobine. Ils sont en couleur, rouge ou saumon.
Les raccords effectués par l'usine de gommage lors de ruptures éventuelles de la bande. Les raccords sont plus larges que les précédents.
Enfin ceux qui sont confectionnés par l'Atelier du boulevard Brune à la suite de ruptures ou de déchirures de la bande ou pour raccordement de bobines .
Tous les cas d'impressions sur raccords par suite de rupture ou déchirure de bande, ainsi que toutes les conséquences de ces ruptures, sont copieusement décrits dans l'étude précitée de M. André Rochette
et accompagnés de clichés très intéressants (Echo de la Timbrologie n° 116r du 31 août 1950).