corfou et la poste serbe durant la premiÈre guerre mondiale

La Serbie, attaquée dès la déclaration de guerre par les armées austro-hongroises, remporta la victoire de Potiorek.
Lettre du 18 mai 1915
Une période d'accalmie s'ensuivit mais le 5 octobre 1915 une offensive austro allemande fut déclenchée. Le 8 octobre Belgrade est prise. Le 11 octobre la Bulgarie entra en guerre, attaquant l'armée serbe à revers. Les communications avec l'armée d'orient furent coupées.
Les serbes battirent en retraite vers l'Adriatique et de nombreux réfugiés serbes, passèrent en Albanie. Les alliés obtinrent du gouvernement grec, encore neutre, la permission d'utiliser l'ile de Corfou comme refuge pour les serbes chassés de leur pays. Les services français secondés par les britanniques accueillirent les réfugiés. Corfou devint dès lors le siége du gouvernement serbe entre 1916 et l'offensive de 1918 sur le front d'orient. L'armée serbe, 115 000 combattants, fut incorporée à l'armée d'orient à Salonique entre avril et juin 1916. Les troupes serbes étaient réparties en trois armées de 2 divisions chacune auxquelles s'ajoutait une division de cavalerie et quelques services annexes. Le 19 novembre les serbes reprenaient la ville serbe de Monastir, puis le front fut stabilisé pour de longs mois
La poste serbe à Corfou utilisa les timbres français jusqu'au 13 Octobre 1918 et le bureau sera fermé
le 24 juin 1919

la poste serbe À corfou 1916 - 1918

L'organisation postale civile serbe s'est complétement dissoute entre octobre et décembre 1915. Un nouveau service postale devait donc être mis sur pied. Les services militaires français ou anglais se chargèrent dans un premier temps de l'acheminement des plis pour la France ou l'Angleterre.
La France avait à Corfou un bureau de poste militaire ( Secteur Postal 512 ). Ce bureau fournit au bureau de poste serbe des timbres français.
Les militaires serbes utilisèrent le secteur postal français de Corfou ( 512 ) pour acheminer leurs plis.
Un bureau de poste officiel fut affecté à ce gouvernement. Il est possible même que ce bureau Français ait acheminé le courrier serbe.
Le bureau postal ministériel serbe ne recevait que du courrier officiel courrier destiné :
- aux diplomates, ou hauts fonctionnaires en poste en France, Suisse, Pays-Bas, etc.,
- aux banques, en particulier la Banque Nationale Serbe repliée à Marseille.
Ces timbres sont oblitérés par un cachet serbe " bureau postal ministériel ".
Les bureaux grecs de Corfou acheminèrent les plis pour les autres destinations.
Les timbres français servirent à assurer la communication entre les exilés de Corfou, l'armée d'orient et les populations demeurées en Serbie (via la Suisse et l'Autriche) jusqu'en octobre 1918.
L'affranchissement se faisait sur la base du tarif international fixé par la loi de finance du 10 avril 1910 soit :
- lettre simple de 20 g 25c
- lettre recommandée 50c
- carte postale 10c
- imprimé (par 50 g ) 5c
Suite au changement du tarif intérieur du 1er janvier 1917, on peut rencontrer des 5 c., 10 c., 25 c., Semeuse à fond plein, des 15 c. Semeuse à fond ligné et des 40 c., 50 c. Merson.
Les cachets en usage au bureau de poste serbe de Corfou sont les suivants :
- cachet rond type Suisse, à pont de 28 mm de diamètre, avec en caractères cyrilliques : Station Postale Ministérielle (MINISTARSKA POS-TANSKA STANICA).
- Une marque d'identification d'origine, avec inscription linéaire en Français : POSTES SERBES. de 42 mm sur 4 mm. Cette marque était apposée sur les lettres à côté des timbres-postes, parfois fortuitement sur les timbres eux-mêmes.
Les lettres ne portant pas de timbres serbes et étant expédiées d'un lieu hors de Serbie, cette marque était la seule façon pour les Serbes d'exprimer leur nationalité et leur existence.
Un cachet pour lettres recommandées, utilisé à la place des étiquettes. Cadre et lettre majuscule R, en doubles traits. POSTE. ROY. SERBE en français et serbe, soulignés d'un trait
Différents cachets de censure militaire, en français ou en serbe, portent sur deux lignes les mentions :
« Censure Militaire Serbe »
Les cachets, en particulier la marque linéaire POSTES SERBES, n'étaient apposés que sur le courrier déposé au bureau postal.
La censure serbe a apposé cinq marques successives de censure, avec des changements de couleur.
En français : cachet de 57 x 17 mm en noir, violet ou rouge « CENSURE / MILITAIRE SERBE » ( décembre 1916 à juillet 1917 )
Lettre recommandée du 1er mars 1917
Lettre recommandée de juillet 1917
En cyrillique : cachet rectangulaire 55 x 14 mm
Un numéro à gauche entre parenthèse sans encadrement
Un numéro à gauche entre parenthèse avec encadrement
Lettre du 10 avril 1917
Un numéro à gauche et entre parenthèse, filet de cadre double (numéro pouvant être violet)
Un numéro à droite (type utilisé aux armées)
Les lettres non censurées sont rares
Les occupants autrichiens s'opposent à ce que les exilés communiquent avec leurs proches restés en Serbie jusqu'à l'été 1916 où le service postal est rétabli. Mais les lettres doivent encore passer par un pays neutre avant d'être réexpédiées sans indication d'origine vers l'agence austro-hongroise chargée de leur distribution. Le consul général de Serbie Ch. Vögeli, commerçant suisse implanté à Belgrade servira de boîte aux lettres pour les exilés n'ayant pas de correspondant en Suisse. Il va ainsi accumuler des centaines d'enveloppes vides.
Lettre du 9 mars 1917
Lettre du 8 juillet 1917
avec cachet Trésor et Postes 504 de la mission française auprès de l'armée serbe
La griffe « Postes Serbes » est bien connue sur les correspondances affranchies, dont la majorité est à destination de la Suisse et, dans une bien moindre mesure, de la France.
Elle se rencontre aussi la griffe sur les correspondances non affranchies, en franchise vers la France ou ses colonies.
Par contre, la griffe n'est pas apposée sur les plis de Corfou vers Salonique, dont les dépêches sont prises en charge par la poste militaire française via Tarente
Lettre du 15 janvier 1917
Après le 6 octobre 1918 on ne trouve plus que des timbres serbes.

Surcharges de complaisance

En lisant le journal l'Excelsior en Août 1918, un philatéliste flaire la bonne affaire : on y relate que :
"Depuis quelques mois, les réfugiés serbes de l'île de Corfou affranchissent les correspondances au moyen de timbres français surchargés postes serbes".
Ce philatéliste envoie immédiatement à Corfou des planches entières des 14 valeurs alors en service du 10 c Blanc au 1 franc Merson en demandant aux postiers -qui acceptent d'apposer la griffe "POSTES SERBES" et de les oblitérer.
En contravention complète avec les instructions en vigueur, un employé surchargea de très nombreux timbres français, de la griffe POSTES SERBES et du cachet rond.
Il apposa les cachets, sur des feuilles entières de timbres neufs, dont certains sans aucun usage postal au bureau de poste Serbe ( en particulier des 1 et 2 c. Blanc ).
Des surcharges POSTES SERBES sur timbres détachés apparurent certains négociants
Il y eu même des surcharges violettes et noires fausses.
Pour la série qui nous intéresse, on connaît sur documents authentiques le 10 c. rouge est rare, le 25 c. bleu est le plus courant. Il est au type I A.
Pour les valeurs de complaisance avec griffe linéaire et cachet rond, que l'on trouve en paires