La roulette du 10 centimes semeuse
la naissance des roulettes

fabrication de la roulette

C’est le 13 mars 1908 que fut installé à l’Hôtel des Postes le premier distributeur de timbre en rouleau, comme le montre l’illustration il vendait deux timbres à 5c.
Illustration extrait de « La Nature N°1913 » du 22 janvier 1910, page 113,
(article de M. Lucien Fournier)
Mais très vite d’autres machines distribuant un timbre à dix centimes furent installées dans plusieurs recettes en France. Distributeur appelé « Abel » du nom de la firme (la Société Française de distributeurs automatiques Abel) qui l’a installé, il a laissé des traces indélébiles qui permettent d’identifier à coup sur les timbres-poste qui sont passés entre ses dents.
Trace à sec des molettes d’entrainement
C’est une équipe de trois ingénieur allemand de la « Deutsche Abel-Postwertzeichen-Automaten-Gesellschaft M.B.H. (DAPAG) de Berlin, M. Willy ABEL, M. Karl STRAUSS et M. Heinrich WOLLHEIM qui ont conçu ce distributeur. On retrouve une trace de cette machine dans le brevet N° 37034 déposé par M. WOLLHEIM en Autriche le 21 janvier 1907, mais c’est le 15 septembre 1905 que le brevet du système de coupe, d’entrainement et de maintien de la bande est déposé par la DAPAG en Allemagne.
Extrait du brevet N°210610
Bien sûr il y a eu d’autres distributeurs, comme celui installé fin juin 1914 au pas perdu de la gare Saint Lazare.
L’illustration de gauche provient du FNARH et
celle de droite est extraite du journal « Le Petit Parisien » du 26 juin 1914
Mais on manque d’information sur ces autres distributeurs public, marque, mode de fonctionnement..?
Entre temps certaines machines privées faisaient leur apparition, toujours de la société DAPAG comme la fameuse machine dite « POKO » diminutif de « Porto Kontrolle » (contrôle de l’affranchissement).
Publicité extraite de « Mon Bureau » de juin 1912, page 190
Archive du musée de l’industrie de Lille
Le brevet initial à été dépose le 7 aout 1914 en Allemagne sous le N°389940, puis modifié le 25 décembre 1919 sous le N°404050, et enfin déposé dans plusieurs pays dont la France le 23 juin 1920 sous le N°519018.
Mais ces machines à  affranchir ont rencontré un gros problème dans leurs premières années de fonctionnement et les utilisateurs étaient les premiers à s’en plaindre.
Plaintes relevées dans la revue « ;Mon bureau »
Archive du musée de l’industrie de Lille
Novembre 1913 Page 698
Février 1914 Page 117
Il n’y avait pas de bobines de roulettes en vente dans les bureaux de poste, les utilisateurs de machines privés étaient obligés d’acheter leurs rouleaux chez le marchand qui leur avait vendu la machine à affranchir où alors d’acheter une machine à confectionner les rouleaux, comme par exemple la refendeuse de la société FIXO qui revendait aussi des machines à affranchir.
Brevet N°474198
C’est le 23 novembre 1915 qu’est officiellement mis en vente les bobines de roulettes pour le particulier.
Bulletin mensuel des Poste de 1916 page 50 et 51

 

 

Les bobines de 600 ou 1200 timbres

La circulaire N°446C du 23/11/1915 nous apprend quelques petits détails, outre le fait qu’il y a aussi le timbre-poste à 5 centimes, les bobines sont de 600 ou 1200 figurines.
Couvercle de boite d’une roulette de 600
Bande de garde d’une bobine de 600 figurines
Bande de garde d’une bobine de 1200 figurines

 

 

La roulette

Mais elle nous apprend aussi qu’il y a deux types de roulettes.
« Afin d'éviter toute confusion avec des roulettesd'un type spécial et provisoire réservé à des distributeurs fonctionnant déjà dans certains bureaux, les commandes n° 611, les relevés n° 615 et les états collectifs n° 615 bis indiqueront distinctement s'il s'agit de roulettes pour distributeurs automatiques ou de roulettes pour machines à affranchir (Ex.: Distrib. — Mach. à aff.). »
Les seules différences connues sont dans les mises entrain de la bobine. L’une a été réalisée avec l’adjonction de 6 vignettes sans impression et la seconde était faite en conservant le haut de la feuille.
Mise en train à partir de la feuille
Mise en train par adjonction de 6 vignettes
Deux types de mise entrain, mais laquelle est laquelle
Spéciale et Normale ou Normale et Spéciale ?
,
Difficile de déterminer quelle est la mise en train « du type spécial ». Le type avec 6 vignettes supplémentaires a duré jusqu’à la Marianne de Muller, alors que le haut de feuille conservé n’a existé que le temps du mode d’impression en typographie à plat, ça serait donc ce dernier type le « type spécial et provisoire ». Mais l’autre type représente beaucoup plus de travails et de matières, il faut gommer la feuille, la denteler, puis la rabouter à la première bande, alors qu’en conservant le haut de feuille de la première bande, il n’y a rien à faire, en cette période de guerre la matière est rare et la main d’œuvre occupé à d’autres taches.
Un indice sur le système d’entrainement du distributeur « Abel » peu quand même nous aider, si l’on regarde attentivement le croquis, on constate que la bande en position repos n’est maintenue que par la pièce repéré (2), les galets repère (5) étant évidés en cette position, cette pièce (2) maintien la bande par des ergots qui se logent dans la dentelure, il faut donc qu’il y est au minimum deux vignettes au-dessus de l’axe de coupe pour que le dernier timbre-poste ne tombe pas tout seul. Donc le voilà notre type « réservé au distributeur » c’est celui qui coute le plus cher à la production et comme souvent c’est un provisoire devenu définitif.
Nous avons déjà vu le début de la bande sans fin confectionnée avec ses deux types de mise entrain, c’est la partie attenante au noyau en bois, et ce qui recouvre la bobine, la bande de garde et la boite qui renferme le tout. Entre il y a plusieurs bandes de 15 raboutés une à une pour créer une longue bande de 600 ou 1200 timbres-poste.
Zoom sur le raboutage, la bandelette qui sert de lien est appelé « Pointure »



Un zoom avec un plus fort grossissement, nous permet de constater, à droite une absence de fibre et la parfaite rectitude, alors qu'à gauche il y a des fibres et la coupe n'est pas rectiligne. La seule explication est la provenance d'un bord de feuille (colonne 10) ou bord de pont (colonne 5)

Un zoom sur le pied du " 1 " du quatrième timbre de la bande nous confirme la localisation en bord de feuille. C'est une case 10, voir la page sur le type IA, les variétés du galvano type y sont détaillées.
La fin de la bobine, les premières vignettes que l’on voit après avoir enlevé la bande de garde devrait ressembler à ça.
Tenant a deux blancs

 

 

Les feuilles de roulette

Les millésimes

En 1917, le 10c rouge n’ayant plus de raison d’être suite au changement de tarif, les ½ feuilles de roulettes fut dispersées aux guichets. C’est ainsi que fut vendues des feuilles de 1908 à 1915.
Bloc millésimé « 8 » de 1908
Bloc millésimé « 0 » de 1910
½ feuille de roulette du 17 novembre 1910
½ feuille non dentelée de 1912
½ feuille de 1913 ( Musée de la Poste )
½ feuille dentelée de 1914
Fragment d’une ½ feuille de 1915
Les ½ feuilles ou fragments de feuille de 1909 et 1911 sont inconnues à ce jour.

Les variétés

L’étude de ces différentes pièces, bandes, millésimes, ½ feuilles etc. ont permis de mettre en évidence un point commun à toutes ces présentations.
1° Elles sont issues du galvano « Oncle », on retrouve donc les 12 variétés de ce galvano type (variétés de planches type IA).
2° Et c’est bien là le plus important, un seul panneau a été mis en évidence pour imprimer ces différentes pièces, le lien est évident du bloc millésimé « 0 » au fragment de la ½ feuille de 1915, différentes constantes ou variétés des galvanos de service y sont répétées.
Les variétés des galvanos des services
Le bloc millésimé « 8 » étant dans une zone où il n’y a pas de variétés constantes dans le temps, il nous est difficile d’affirmer qu’il est issu du même panneau. Une petite déformation du cadre « Est », en case 035, que l’on retrouve aussi sur la ½ feuille de 1912 et sur un bloc millésimé « 4 »  peu quand même nous le laisser croire ?
Déformation du cadre en case 035

bibliographie

Jean Storch et Robert Françon ; Les timbres-poste au type semeuse camée de 1907
Louis Barrier ; Essai sur les semeuses
Jean Luc Raffel ; Travaux personnel